Composition du jury :
- Jean- Pierre Albert, DE, EHESS
- Chantal Bordes- Benayoun, DR CNRS,
- Nancy Green, DE, EHESS
- Freddy Raphaël, Professeur des universités
Les migrants juifs français et allemands de la vallée rhénane installés au Sud Etats-Unis depuis quatre générations ont laissé des traces de leurs voyages et de leur adaptation au nouveau continent. Leurs récits et les témoignages de leurs descendants recueillis pour cette thèse posent la question des modalités de leur transplantation, des modèles professionnels adoptés, de l’appartenance religieuse et de la définition des relations aux autres, qu’il s’agisse des autres diasporas juives, de la minorité africaine-américaine ou de la société majoritaire.
Depuis un siècle et demi, pratiques, représentations, et terminologie ont subi des transformations. En effet, en situation de transplantation, le migrant affronte des tensions entre la tentation de se réfugier dans les valeurs traditionnelles issues du vieux pays et la nécessaire réponse aux attentes du pays d’accueil. Ainsi, dans un contexte de modernité et de liberté, de nouvelles formes de pratiques religieuses et sociales se mettent-elles en place, notamment, les vieilles hostilités nationales entre Français et Allemands se transforment en alliances, des formes de judaïsme et de judéité sont inventées avec la naissance de l’israélite américain dont le judaïsme réformé est moins visible que le judaïsme orthodoxe.
Les catégories du juif observant, de l’israélite et du juif assimilé sont revisitées dans le contexte américain où les «communautés» ont droit de cité. Ces catégories sont mouvantes, et laissent le champ ouvert à un judaïsme postmoderne, volontairement choisi, « judaïsme métissé », « judaïsme par généalogie ».
Emerge un modèle qui transcende ces catégories, « le porteur de mémoire » qui utilise la mémoire pour retisser des liens entre les deux continents et transmettre l’héritage aux générations futures.